Le projet
L’exposition Fluidités : l’humain qui vient devait être présentée au Fresnoy - Studio national des arts contemporains du 8 février au 29 avril 2020. Cette exposition a pour but de montrer les systèmes de représentations qui se réfèrent à l’état du monde, ou préfigurent celui de demain ; ou la façon dont les artistes nous aident à comprendre les problèmes en jeu à l’heure d’envisager l’avenir de l’humanité.
L’exposition a dû fermer ses portes plus tôt que prévu, mais se poursuit désormais en ligne. Vous retrouverez sur cette plate-forme de la documentation liée à l’exposition, et notamment des interviews inédites entre les commissaires et les artistes.
Ce projet d’exposition accompagne la réflexion d’un groupe de recherche nommé L’humain qui vient, fondé en novembre 2018 par Joseph Cohen (School of Philosophy, University College Dublin), Alain Fleischer (Le Fresnoy - Studio national) et Raphael Zagury-Orly (Institut Catholique de Paris et Collège International de Philosophie). Le but de ce groupe de recherche, dont le comité scientifique est composé de nombreux universitaires internationaux, est de conduire des séminaires et des conférences, des ateliers et des rencontres académiques interdisciplinaires sur la question foncière de l’avenir de l’humain au regard des avancées technologiques et scientifiques contemporaines.
Le colloque L’humain qui vient, prévu initialement le 28 et 29 avril 2020, est quant à lui reporté aux 5 et 6 novembre 2020.
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Les artistes
Hicham Berrada, Alfonso Borragán, Shu Lea Cheang, Cliff Evans, Joan Fontcuberta, Karlos Gil, Antony Gormley,
Lynn Hershman Leeson, Ismaël Joffroy Chandoutis,
Yosra Mojtahedi, Michael Najjar, Pedro Neves Marques,
Philippe Rahm, SMITH x Diplomates, Daniel Steegmann Mangrané, Teresa Van Dongen
Avant-propos de Benjamin Weil, commissaire de l'exposition La fluidité est une propriété généralement attribuée aux liquides, qui ont une capacité physique à se répandre et occuper toute forme de façon optimale. Au sens figuré, la fluidité est le caractère de ce qui est mobile, difficile à saisir ou à fixer, en évolution constante.
À travers les regards d’un groupe d’artistes, architectes et designers, Fluidités propose une réflexion transdisciplinaire – fluide ? - sur la façon dont l’humanité se projette dans un futur plus ou moins proche. Ces oobservateurs.trices sont probablement celles et ceux qui sont le plus en mesure de nous conter l’avenir qui nous attend, avec une très grande liberté. Leurs «fictions», ou leurs recherches tant au niveau plastique que conceptuel, nous offrent un panorama critique qui toutefois échappe autant à l’utopie béate qu’à la dystopie.
L’ensemble des propositions artistiques réunies dans cette exposition ne prétend pas être exhaustif, ni universel : Fluidités présente des œuvres qui traitent de nombreux aspects de ce qui pourrait constituer le futur – certains étant déjà présents, tout au moins à l’état embryonnaire. Il ne s’agit pas d’une exposition de science-fiction.
On y trouvera une réflexion sur les rapports complexes que les êtres humains entretiennent avec leur environnement qu’ils occupent de manière très coloniale – qu’il s’agisse de ce que l’on appelle « la nature » ou de toutes les autres espèces qui existent sur la planète. Le chthulucène – terme inventé par la philosophe et biologiste américaine Donna Haraway - serait un état dans lequel le principe de la domination absolue de l’humanité sur toutes les autres formes de vie aurait disparu, pour être remplacé par une coexistence harmonieuse. Cette pensée se rapporte à des formes de cultures très anciennes qui continuent à être à la base de celles de certains peuples premiers.
On y trouvera aussi le travail d’artistes qui se penchent sur les rapports tout aussi complexes que nous entretenons avec la technologie, que nous prétendons dominer tout en acceptant de nous y assujettir. Il y a quelque chose du démiurge dans l’élaboration d’un environnement dans lequel toute forme d’expérience est placée sous le contrôle de la machine, création essentiellement humaine. On perçoit de plus en plus le monde à travers les écrans, qui peu à peu remplacent l’expérience en direct : le «réel» et le «virtuel» s’enchevêtrent comme pour former une condition nouvelle. L’espace et le temps deviennent élastiques. Il n’y a plus de vrai et de faux, mais des degrés de vérités différents. Le lien hypermédia se superpose à la pensée rhyzomatique. Les paysages sont comme autant de réactions chimiques en temps réel. Les frontières entre la technologie et la biologie deviennent de plus en plus poreuses, tant sur le point matériel que conceptuel. Le corps est augmenté par la machine, qui le soigne tout autant qu’elle le surveille. Il n’y a plus de frontière établie, mais des définitions souples, en évolution constante ; il n’y a plus d’histoire, mais un présent constant qui échappe tout autant au passé qu’au futur. Voici l’état du monde de demain, ou de tout à l’heure. Fluidités…
BW
Vues de l'exposition
Documents
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Interview d'Ismaël Joffroy Chandoutis
Art In Progress : Yosra Mojtahedi